Publié
dans
le tome I du « Bulletin de
la Société Archéologique du
Finistère », le texte ci-dessous
provient d'un original
imprimé, signé H. de Boyséon,
capitaine général
du ban, arrière-ban et garde-coste de Léon, et
adressé
par mention manuscrite à Monsieur de Kernau, capitaine
de Lesneven. La date précise n'y est pas indiquée.
Ce texte peu connu a l'intérêt de détailler le maniement du mousquet tel qu'on l'enseignait encore à des miliciens inexpérimentés à une époque où les troupes réglées abandonnent cette arme pour passer au fusil.
Noter,
par exemple, la
manière de tenir la mèche entre les doigts, qui
correspond à ce qu'on voit sur les illustrations du
XVIIe
siècle.
Nous avons respecté l'orthographe et la typographie, mais coloré en rouge les commandements à donner par l'officier. Remarquer qu'à cette époque les ordres ne sont pas encore donnés en deux temps comme dans les armées plus modernes.
PREMIEREMENT : Il faut
que le mousquetaire
se tienne fort droit, que ses talons soient vis à vis l'vn
de l'autre et les pointes des pieds tournées en
dehors ;
après quoy il prendra le mousquet de la main droite par
la crosse, et le portera ensuite sur l'espaule gauche, tenant
le bout du canon vn peu esleué, afin de n'incommoder pas
ceux qui marchent derrière luy.
Le bout de mesche
allumé, il le portera
entre le petit doigt et celuy d'après, et le bout non
allumé
entre le second doigt après le pouce et le troisiesme.
Le premier commandement
qu'il faut faire :
Soldats,
portez bien vos
armes.
Faites couler le mousquet.
Et pour cela il fera
descendre son mousquet,
enuiron quatre pouces vers le nombril.
Mettez
la main droite sur
le mousquet.
Dans ce mesme temps, il
portera la main
droite sur le canon derrière le bassinet.
Haut
le mousquet.
En levant le mousquet,
il laschera le pied
droit, et le tournera à costé.
Joignez
la main gauche au
mousquet.
Prenez la mesche.
Soufflez la mesche.
Et faut remarquer de
soufler tousiours la
mesche fort éloignée du bassinet, en tournant la
teste vers la droite.
Mettez
la mesche sur le
serpentin.
Compassez la mesche.
Mettez les deux doigts sur le bassinet.
Soufflez la mesche.
Ouvrez le bassinet.
Couchez en joue.
Tirez.
Retirez vos armes.
Prenez la mèche et la remettez en son lieu.
Soufflez le bassinet.
Prenez le puluerin.
Amorcez.
Fermez le bassinet.
Soufflés le bassinet.
Tournez vos armes du costé de l'espée, la crosse
en bas.
Prenés la charge.
Ouvrez la charge avec les dents.
Chargés.
Tirés la baguette en trois temps.
Haut la baguette.
Mettés la baguette contre l'estomach.
Mettés la baguette dans le mousquet.
Bourrés, tirés la baguette en trois temps.
Haut la baguette.
Mettés la baguette contre l'estomach.
Mettés la baguette en son lieu.
Prenez le mousquet de la main droite.
Haut le mousquet.
Mousquet sur l'épaule.
Et faut remarquer en
marchant, de partir
tousiours du pied gauche du lieu où l'on est.
Tous les dimanches et
festes après
vespres, l'on ne manquera pas de s'assembler à ..... pour
y faire l'exercice, ou simplement, on leur fera bruler des amorces
au lieu de tirer, pour menager les munitions ; et sur tout les
officiers apprendront à leurs soldats, à marcher
serrez et d'vn pas égal, observant de se régler
sur leur droite.
Il faut observer enfin
de laisser tousious
tirer son ennemi le premier, estant le plus grand advantage que
l'on puisse avoir à la guerre ; et estre fortement
persuadé,
que combattant pour une bonne et iuste cause, comme celle dont
il s'agit, l'on doit exposer avec ioye son sang et sa vie, tant
pour le service de son roy, que pour le bien de sa patrie.
Il faut en dernier lieu
se souvenir de m'envoyer
régulièrement à ..... le rolle du
dénombrement
de tous ceux qui se sont trouvez sous les armes un tel iour. Et
pour le chastiment de ceux qui tomberont en faute, il faut les
punir par la prison et par le jeune ; et s'ils
étaient
après cela incorrigibles, il faudrait m'en donner avis.