Les Francs-archers bretons au XVe siècle

 

 

Les Francs-archers étaient une milice levée parmi les « gens de commun » pour venir à la guerre. Sa création date de 1425, selon le texte ci-dessous.

 

Nous avons coloré en rouge les passages les plus intéressants, notamment ceux concernant l'équipement demandé et les circonscriptions géographiques. Les lecteurs peu habitués aux documents anciens ne doivent pas se laisser rebuter par l'orthographe, les texte de cette époque sont assez compréhensibles si on prend le temps de les lire.

 


 

Ordonnance de création de la milice des Francs-Archers
par le duc de Bretagne Jean V
(20 mars 1425)

 

Ordonnance pour l'armement des gens du commun. Orig. jad. scellé en cire rouge sur s. q. (Bibl. de Nantes, f. Bizeul ; anc. Ar. de Rohan, Actes notables, n° 212). - Copie (Bibl. nat., ms. fr. 22325, p. 837).- D. Lobineau, Il, 999-1000. - D. Morice, Pr. Il, 1166-1167.

 

A Nantes, 1425, 20 mars. - « Jehan (...) A touz (...) salut. Comme chascun prince et sgr doye estre songneux et entantiffz à la garde et deffense de la seignorie qui de Dieu lui est commise, affin que pour deffault de y veiller ne soit par ses ennemis sourprins, Et soit ainsin que ceulx qui vouldroint nuyre et porter grevance à nostre pays et duché, plus courageusement s'avanceroint ad ce faire s'ilz savoint nostred. pays estre despourveu de gens de deffence, Pour ceste cause, affin de resister, o l'aide de Dieu, à ceulx qui nuysance porter y vouldroint, avons voulu et ordrenné par deliberacion de nostre conseill, voulons et ordennons que des gens de commun de nostre pays et duché, en oultre les nobles, se mectent en apparoill promptement et sens delay, [en la maniere et par l'ordrennance cy emprès decleré], Savoir est : de chascune parroesse trois ou quatre, cinq ou seix, ou plus [ou mains] sellon le grant et quallité de ]a parroesse, [et qu'il sera avisé par les commissaires sur ce depputez, et que ce soint des plus propices et convenables que lesd. commissaires sauront choaisir er eslire pour la deffence du pays ;] lesquelx ainsin choaisiz et esleuz soint garnis d'armes et abillemens qui ensuivent, quelx, les fabriquors de chascune parroesse seront tenuz faire querir aux despans d'icelle, savoir est : Ceulx qui sauront tirer de l'arc, qu'ils aint arc, trousse, cappeline, coustille, hache ou maill de plon, et soint armez de fors jacques, garniz de laisches, chesnes ou mailles pour couvrir les braz, et ceulx qui ne sauront tirer de l'arc, qu'ils soint armez de jacques et aint cappelines, coustilles, haches ou vouges, et avecques ce aint paviers de tramble ou autre boais plus convenable qu'ils pouront trouver, et soint les paviers longs à couvrir hault et bas ; [lesquelx paviers, harnoys et abillemens, yceulx fabriquors, aux despans des parroesses, seront tenuz meictre en lieu sçeur et les garder sçeurement pour s'en aider quant mestier sera.

- Item, et que les commissaires sur ce ordrennez chargeront ceulx qu'ils auront ainsi esleuz en chascune parroesse, de venir touz prestz et appareillez ès lieux que par la bannie, en chascune parrie, leur sera fait savoir de par nous ; et retendront lesd. commissaires devers eulx les noms de ceulx qu'ils auront ordrenné et choaisi estre armez en chascune parroesse, et les enveront en beaulx rolles devers nostre mareschal, affin de savoir le nombre de ceulx qui se pourront trouver entour nostre pays pour nous en aider, et les emploier touz ou partie, ainsi qu'il en sera mestier. Et chargeront Iesd. commissaires les fabriquors desd. parroesses que, s'aucun des esleuz alloit de vie à trespassement, ilz choaississent autrcs ou lieu des decepdez, o l'avisement des parroessien, qui servent et se aident du harnois de ceulx qui deffauldront.

- Item, et ad ce que plus courageusement ceulx qui seront esleuz servent quant la necessité en sera, voulons et nous plaist qu'ils soint francs et exanps de guetz et de tailles, et les en franchiczons et examptons, nostre plaisir durant.

- Item, et ad ce que ceste nostre ordrennance soit mielx et plus promptement executée, commectons, ordennons et depputons par les eveschez, bailliaiges et juridicions de nostre pays, pour y besoigner, vacquer et proceder par eulx, leurs commis et depputez et substituez, ceulx qui emprès ensuivent, Iesquelx y pourront commectre autres qui auront povoir de y substituer ès lieux où ils ne pourront vacquer de leurs personnes, savoir est] : ès eveschés de St Malo, de St Brieuc et de Treguier, nostre très chier et bien amé cousin et feal le sires de Chasteaubrient.

Item, ès terrouers de Porhouet et de la viconté de Rohan, nostre très chier et trés amé frère et cousin le conte de Porhouet.

Item, en l'evesché de Leon, noz amiral et president, les sires du Chastel, de Carmaouan et chascun.

Item, en l'evesché de Cornouaille, messire Henri du Juch, les sires de Rosmadeuc et de Polmic, [Jehan de Benerven, nostre procureur general en Basse Bretaigne, et chascun].

Item, ou pays de Vennes, hors les terrouers de Rocheffort, de Rieux et de Reddon, les sires de Mollac et de Quer ; et esd. terrouers de Rieux et Rocheffort et de la Gassilly, nostre très chier bien amé cousin et feal Ie sires de Rieux ; et en Reddonnais, Tritan de la Lande, cappitaine de Reddon ; et en l'evesché de Nantes, hors le terrouer de Guerrande, nostre bien amé cousin et feal le sire des Huguetieres, nostre mareschal ; et oud. terrouer de Guerrande, Jehan de Musillac, Jehan de St Gille et chascun.

Item, en Renais, le sire de Chasteaugiron, le viconte de la Belliere, messire Jehan de St Gille, sgr de Beton, Bretram de Monboucher et chascun.

Item, ou terrouer de Fougeres, les chappitaine [et] seneschal desd. Iieux et chascun ; et en Vitreais, messires Guillaume de Sevigné, Roul du Boschet, Robert d'Espinay et chascun ; et en Guierschais, messire Jacques Bonenffant ; et ou pays de Marcillé, Pierres de Tintiniac ; et en Conbournais, le sire de Combour ; en Doulais, messire Guillaume Levesque.

- Item, et que lesd. commissaires ordrennent guetz et falloz estre faiz sur les coustieres de nostre pays, ès marches des annemis, ainsin que par l'avisement de ceulx du pays soit regardé estre affaire. Auxquelx commissaires et substituez avons donné et donnons par ces presentes plain povoir, [auctorité de par nous et mandement espicial] de contraindre et compeller [Iesd. fabriquors et commun desd. parroesses, de querir lesd. harnoys et abillemens et obbeir à cestes noz ordrennances ainsin que enjoignt le sera de par nous, sur certaines et grosses paines et amandes peccunielles et autres, ainsin que au cas appartendra, et de proceder à lad. conctraincte à l'encontre desd. fabriquours et parroessiens par toutes voies deues et resonnables appartenans en telle matere ; mandons et commandons à touz et chascun noz subgiz, en ce faisant obbeir auxd. commissaires et dilligeanment entandre.

- Item, comme autresfoiz nous ayons deffandu touz jeuz, sauff d'arc ou d'arbailestre, uncores de present nous le deffandons sur paine de soizante soulz d'amende estre tauxez, prins et levez sur celui qui atemptera contre nostre deffense, et mandons et commandons à nosd. commissaires et aux juges des lieux ceste nostre deffanse faire tenir et garder, et ausd. juges tauxer et punir les enfraignens, at à noz procureurs les empoursuir et tenir en proceix affin de l'amende dessurd.]

PAR LE DUC. - Par le duc, de son commandement et en son conseill, ouquel : le comte de Richemont, le sire de Chasteaubrient, le mareschal, l'admiral, [le vichancelier, le senneschal de Rennes, l'archidiacre de Rennes, le doien de Nantes,] messires Robert d'Espinay et Jehan de Lannuyon chers, Jehan Mauleon et autres estoint. - DE TOUSCHERONDE. »


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