Usages de l'hermine bretonne

 

La fourrure d'hermine apparaît dans les armes des ducs de Bretagne en 1213, lorsque la jeune duchesse Alix de Bretagne épouse un membre de la famille royale française, Pierre de Dreux (surnommé plus tard Pierre Mauclerc) : la « brisure » (modification personnelle) des armes de Dreux portée par celui-ci est un canton d'hermine. Ses successeurs Pierre II et Arthur II héritent de ce blason :

 


La bannière des ducs de Bretagne au XIIIe siècle

 

Un siècle plus tard, au début du XIVe siècle, les armes de Dreux ont perdu leur prestige car leur origine royale est en partie oubliée. La mode est ausi à la simplification des armoiries des grandes familles. Le duc de Bretagne Jean III renonce alors aux armes de Dreux et adopte l'écu « d'hermine plain » qui restera celui de la famille ducale jusqu'à la fin du XVe siècle.

 


(détail d'une miniature sur le couronnement du duc François Ier de Bretagne, BNF)

 


(détail d'une page d'un livre appartenant au duc Pierre II, BNF)

 

Cet écu figure sur de nombreux documents et objets des XIVe et XVe siècles, qui montrent le large usage qui en est fait à l'époque pour la promotion, on pourrait même dire pour la propagande, du pouvoir ducal.

 


Reliquaire en argent du XIVe siècle,
où déjà un logo valorise un sponsor :
toute personne regardant les reliques
est obligée de voir aussi l'écu du duc !
(Eglise de Saint-Gildas de Rhuys)

 

Emblème personnel du souverain, ces armes permettent de l'identifier en tournoi et à la guerre.

 


Le duc de Bretagne François II en tournoi
("Livre des Tournois" du roi René d'Anjou, vers 1483, BNF)

 

Elles figurent aussi, parfois, sur la « robe » de ses proches serviteurs.

 


Un héraut et des gens de la maison du duc de Bretagne François II ;
ces derniers portent un petit écu aux armes du duc cousu sur leur robe
(détails du "Livre des Tournois" du duc de Bourbon, BNF)

 


 

Des hermines mythiques

La propagande ducale qui déjà à l'époque, comme toute propagande, est peu respectueuse de l'histoire, n'hésite pas à rechercher pour ses armoiries une origine prestigieuse : ainsi la « Chronique de Saint-Brieuc », histoire de Bretagne rédigée entre 1389 et 1416, attribue très sérieusement des armes d'hermine au mythique roi Arthur !

« Arthur, en l'honneur de la Vierge Marie, et en souvenir de sa victoire, abandonna les trois couronnes d'or sur champ d'azur qu'il portait à cette époque depuis longtemps, pour un écu d'hermine plein. Et, ainsi, après lui, les rois qui lui succédèrent, aussi bien en Grande-Bretagne, tant que les rois bretons y régnèrent, qu'en Petite Bretagne, portèrent jusqu'à nos jours sur leurs armes les susdites hermines. »

("Chronicon Briocense", trad. du latin par G. Le Duc et C. Sterckx)

 


 

 


La bestiole « au naturel » dans sa livrée d'été.

 


Et la bébête réapparaît sur nos étagères,
dotée d'une belle fourrure en peluche
(réalisée par la société "An Eost" de Quimper).

 


 

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